À propos
C’est une vaste histoire de lieux.
Il y a d’abord cette corne d’abondance qu’est la Normandie où nait Alexis Jarry, un refuge naturel où les mythes et les nourritures terrestres forgent le vagabondage d’esprit. A mi-chemin entre les terres et la côte, en marge, il développe une réflexion sur et par la marche de basse qui le pousse logiquement à aller faire une licence de Géographie à Caen. En parallèle, il arpente les sommets d’Europe et embrasse l’en-soi dans le plein air, prémices de son esthétique, si libre.
Le besoin d’habiter d’autres horizons l’emmène ensuite à Barcelone, plateforme de brassage culturel à partir de laquelle les limites de la distance – et celles de la représentation – ne vont cesser de s’estomper. Dès lors, Alexis se retrouve constamment sur la route. Il se passionne pour la culture sud-américaine et parcourt l’Amérique du Sud durant un an, une aventure où il comprend le pouvoir de fédérer le zénith et le nadir d’un lieu ouvert. Une certitude : il s’agit désormais de restituer de telles visions par la photographie.
Sans complètement interrompre ses pérégrinations en Europe, il revient à Caen pour trois années charnières : il y fait une formation de photoreporter et crée avec des amis La Loupiote, un espace-laboratoire artistique, habité et autogéré. De tous les projets nés dans cette demeure béante, celui d’un reportage en Islande agit comme un révélateur : Alexis s’immerge quelques semaines durant sur l’île et photographie le rapport qu’entretient l’homme à la nature, ‘tel quel’. Il y aiguise un regard symptomatique du Transcendantalisme, dans la réalisation de soi par l’autre et/dans l’univers – un regard modeste, une mystique suprême.
Depuis, il continue de construire des cabanes. Après de longs mois passés à sillonner la Nouvelle-Zélande, il recommence plus haut au Népal pendant 4 mois, puis à l’archipel du Svalbard dans l’océan Arctique, en Turquie, au Kirghizistan, etc, où il étoffe son Atlas photographique. Là-bas les visages sont une montagne qui ne cesse d’ouvrir à la possibilité d’une histoire, dans une heuristique du regard. Il s’agit donc de capturer la prégnance anthropologique de tels paysages pour mieux les réaliser dans une poésie constellaire, si propre à l’homme :
Alexis Jarry habite des lieux et photographie des traces.
Alexandre BURIN
It is a vast story of places.
First, there is this horn of plenty that is Normandy, a natural cradle where myths and fruits of the earth help one build a disposition to let one’s mind wander : Alexis Jarry was born there in 1988. Halfway between inland and seashore, he develops on his own a reflexion both on and by hiking, which logically leads him to do a bachelor’s degree in geography at the University of Caen. In the meantime, he scales the mountains of Europe and embraces his inner self in the great outdoors, constituting the starting point of his aesthetics of freedom.
The need to live elsewhere then brings him to Barcelona, a place of cultural mingling from where the limits of distance -and of representation- will keep on blurring. From then on, Alexis Jarry constantly finds himself on the road. He develops a passion for South American culture and travels in South America for a year-long adventure during which he understands the power to unite the zenith and the nadir of an open place. It becomes necessary to restitute such visions through the medium of photography.
Without completely stopping travelling in Europe, he comes back to Caen for three capital years : he does a course to become a photoreporter and with some friends, he creates «la Loupiote», a self-managed habitat/artistic laboratory. Of all the projects that were born in this open house, a photoreportage in Iceland stands out as an indicator : for a couple of weeks, Alexis plunges himself on the island and photographs the relationship between Man and Nature, as it is. During this experience, he nurtures a way of seeing things that is symptomatic of Transcendentalism in the self-realisation through the Other and through Nature – a modest glance, a superior mystic.
Since then, he jeeps on building huts. After a few months roaming through New-Zealand, he reiterates in Nepal where he expands his photographic atlas. Over there, faces are like a mountain that leaves open the possibility of a story, in a visual investigation deeper and deeper in our inconscient temporality. It is therefore question to capture the anthropological weight of such landscapes in order to realise them according to a constellar poetry that is very specific to Man.
Alexis Jarry inhabits places and photographs traces.